jeudi 28 janvier 2016

Don d'organes: morales et religions

Le discours des morales et des religions

Contrairement aux idées reçues, aucune religion ne s’oppose véritablement aux dons d’organes. Bien sûr, un point crucial interpelle toutes les religions.
Quel est le moment précis de la mort ?
• La mort est-elle un événement momentané ou est-elle un processus déterminé par des critères biologiques ?
• La prolongation de la vie est-elle uniquement entre les mains de l’homme ?

Les religions ne sont pas à même de donner une explication scientifique de quelque chose qu’elles considèrent comme sacré.
C’est pour cette raison qu’elles préfèrent rester discrètes au sujet de la définition de la mort.
Cela ne les empêche pas, pour la majorité, de se prononcer en faveur des dons d’organes.
Parce que les lignes de conduite qui sont à la base même de l’éthique se rapportant aux dons d’organes (le respect de la volonté du donneur potentiel, la garantie du caractère irréversible de la mort, le respect du corps du donneur) satisfont leurs exigences morales et parce qu’elles considèrent que le don d’organes est un acte de solidarité et de combat pour la vie.
Passons aux pensées des principales religions (par ordre alphabétique)

Le Bouddhisme

Le don d’organes, dans l’optique bouddhiste, est un acte de compassion particulièrement méritoire.
Cependant, le consentement préalable du défunt est souhaitable afin d’éviter les troubles « post mortem » à l’âme du mort, au moment où celle-ci se détache progressivement du cadavre, car elle serait profondément traumatisée par une intervention chirurgicale non souhaitée sur sa dépouille.

L’Eglise anglicane

Des greffes sont couramment pratiquées en Grande-Bretagne et elles ne suscitent plus d’oppositions de la part de l’influente Eglise anglicane.
La conscience populaire, probablement influencée par la religion, n’exprime pas de sentiments hostiles et autorise donc le don d’organes et de tissus après la mort.

L’Eglise catholique

De nos jours, elle reconnaît à la science médicale le droit de définir les critères de la mort (Conseil Pontifical "cor Unum", 1981.)
Alors que certains textes fondateurs définissaient la mort comme l’arrêt du souffle, elle admet les critères de mort cérébrale.
Par conséquent, rien ne s’oppose plus à un prélèvement d’organes. Celui-ci est même encouragé.
En 1978, Jean-Paul Ier, lors du Congrès International de la Transplantation, à Rome, parlait du don d’organes comme l’un des actes les plus nobles de solidarité humaine !
Quelques années plus tard, Jean-Paul II confirmera à maintes reprises son acceptation du prélèvement d’organes.
L’Eglise orthodoxe
Le don d’organe post mortem, venant soulager la souffrance humaine, est vu comme un témoignage d’amour et de ce fait, est encouragé.
Père Nikolaos Hatzinikolaou, membre du comité hellénique de biomédecine, nous dit qu’en accord avec L’Ecriture sainte, nous sommes tous frères, unis les uns aux autres.
La transplantation peut être l’unique opportunité d’une communion d’amour entre les êtres humains.

L’Eglise protestante

Il existe différentes branches du protestantisme, mais la plupart d’entre elles acceptent les critères de mort cérébrale et le don d’organes et de tissus, et surtout l’encouragent.
C’est le cas de l’Eglise épiscopale, de l’Eglise chrétienne des disciples du Christ, de l’Eglise presbytérienne et de l’Eglise luthérienne.
Les pays protestants ont été les premiers à pratiquer des prélèvements d’organes en grand nombre.
Toujours attentives aux évolutions de la société, les Eglises de la famille protestante considèrent le progrès médical comme une bienfaisante intervention du Seigneur dans un monde plutôt occupé à sa propre destruction.

L’Hindouisme

L’un des concepts fondamentaux de l’Hindouisme est la réincarnation.
es Hindous considèrent que le corps n’est qu’une enveloppe provisoire de l’âme.
La vie du corps n’est que l’une des nombreuses incarnations de l’âme pendant son voyage à travers l’éternité, chaîne qui commence et s’achève dans l’union avec le cosmos.
Les transplantations sont donc non seulement acceptables, mais absolument compatibles avec ses enseignements. 

L’Islam

Les principes éthiques musulmans préconisent de la manière la plus nette le droit à la vie et à sa préservation jusqu’au dernier souffle.
Tout en imposant le respect de la personne humaine vivante ou morte, l’Islam prescrit le droit des morts sur les vivants et insiste sur l’intégrité des corps en toute situation de vie ou de mort.
Mais la jurisprudence, à la lumière des connaissances actuelles à propos des organes prélevés et des conditions de leur transfert, donne aux principes de la Charia des réponses discutées et relativisées.
Pour le consentement, si le donneur ne l’a pas nettement déclaré de son vivant, l’Islam rend sa famille gardienne du corps ou, si elle n’existe pas, l’Institution communautaire musulmane.
En ce qui concerne la question de certitude de la mort du donneur au moment du prélèvement, l’éthique religieuse confie au médecin préleveur l’intégralité de sa responsabilité morale devant Dieu et devant les hommes pour qu’en âme et conscience claire, il n’opère que sur un organisme qui ne peut d’aucune manière possible revenir à la vie.

Le Judaïsme

Dans la tradition du Judaïsme, le problème se révèle plus délicat.
Le point essentiel des divergences entre l’éthique des dons d’organes et la morale juive concerne les critères de la mort.
Ceux du judaïsme sont les suivants : abolition de la fonction nerveuse, arrêt cardiaque et respiratoire définitif.
L’opposition de la jurisprudence juive est liée au fait que le prélèvement d’organes est réalisé à partir d’un donneur "comateux" dont le cœur bat encore (mais il bat artificiellement grâce aux drogues !).
Mais intervient une nouvelle notion : l’aspect irréversible de l’état de mort encéphalique, ce qui peut permettre, pour sauver une vie, d’effectuer le prélèvement et les transplantations.
De son côté, le professeur Steinberg, grand Rabbin de Jérusalem, penseur juif en science de la Torah et sommité en éthique médicale, encourage hardiment les pratiques de don d’organes.
Pour lui, sauver une vie humaine est un impératif suprême du point de vue éthique et religieux : "Le salut d’une vie humaine repousse les interdits de la Torah."
Ensuite, pour le Judaïsme, le respect dû au cadavre est un principe primordial auquel sont attachés deux interdits et une obligation : l’interdiction de l’enlaidissement du cadavre, l’interdiction de tirer profit du cadavre humain, l’obligation d’inhumer sans retard le défunt.
Le corps de la personne décédée doit être mis dans la terre dans sa totalité.
Mais le docteur Jérôme Talmud nuance : "ces impératifs de respecter le cadavre peuvent être profanés, pourvu qu’une vie soit en danger de mort, ce qui est le cas dans le domaine des greffes d’organes."

La morale laïque

Voici l’opinion de Marc Mayer, conseiller laïc, CUB, -Hôpital Erasme :
"Il ne faut pas s’étonner de trouver, parmi les membres de la Communauté non confessionnelle, une grande diversité d’attitudes devant la maladie comme devant la mort. Cette diversité est l’expression même du libre examen.
Aussi l’attente du laïc est essentiellement le respect de sa liberté, de ses droits, de ses choix, de sa dignité dans un climat d’empathie résultant de la considération que chacun doit avoir pour autrui par-delà les différences.
C’est ainsi que la législation actuelle a réglé toutes les objections morales que les laïcs auraient pu émettre propos des prélèvements et des transplantations d’organes, opérations dont la dimension symbolique ne peut être négligée."

Les Témoins de Jéhovah

Selon la "Watch Tower Society", l'entité légale qui représente cette religion, les Témoins de Jéhovah ne favorisent pas le don d'organes, mais pensent qu'il vaut mieux laisser la question à la conscience individuelle.
Les Témoins de Jéhovah peuvent recevoir des transplants ou des greffons, mais à condition que les organes ou les tissus aient été complètement purgés de sang avant la transplantation.

Les Tsiganes et les Gitans

Les Tsiganes et Gitans réprouvent généralement les dons d'organes.
Leur opposition ne découle pas d'un dogme, mais tient à leur croyance en la vie après la mort.
Ils croient en effet que l'âme des défunts refait son chemin pendant l'année qui suit leur décès.
Toutes les parties du corps doivent être laissées intactes parce que l'âme conserve une forme matérielle.

Sources: http://www.angcp.be/
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